Depuis l’annonce
de la mort du président tchadien Idriss Deby, je vois beaucoup de commentateurs
sur les réseaux sociaux qui s’inquiéter pour la sécurité du Sahel. Le Tchad de Deby
est réputé ses soldats courageux, et le Marechal président est considéré comme
le meilleur combattant contre le terrorisme dans la région, d’où son beau
surnom de ‘gendarme du Sahel’. Les plus pessimistes comparent même la mort de
Deby avec celle de Kadhafi, dont l’effondrement en 2012 a occasionné une instabilité
généralisée dans la région sahélienne. Ceux qui font cette comparaison considèrent
donc que la mort de Deby va occasionner beaucoup plus d’insécurité dans cette région.
Ceux qui s’inquiètent ont peut-être raison, mais il convient de faire une petite distinction entre la mort de Kadhafi et celle de Deby. Kadhafi s’est effondré avec tout son régime, attaqué par les bombes de l’OTAN, ce qui a poussé la Libye à sombrer dans l’anarchie. Idriss Deby est mort suite aux blessures de guerre certes, mais son régime est toujours là, étant donné que c’est son fils Mahamat qui va assumer la transition. Donc rien ne va changer tout de suite. On se dirige plutôt dans le scenario du Togo ou du Gabon, ou des présidents morts après un long règne se sont vu succéder par leurs fils. Dans ces deux pays, l’insécurité ne s’est pas généralisée avec la mort des patriarches.
Idriss Deby à la
Maison Blanche en 2014. Source: Maison Blanche
Le plus grand danger qui guette le Tchad, c’est que le fils qui prend la place de son père, et qui est déjà accusé d’avoir fait un coup d’Etat, pourrait être tenté d’instaurer une dictature pour détruire les concurrents et les opposants, afin de tenter de s’imposer comme le nouvel homme fort du pays. Ce scenario risquerait de créer beaucoup plus de mécontents du régime, de renforcer les rebellions ou les velléités de coup d’Etat.
L’autre
potentiel danger est que le pays s’enlise dans une crise de succession. Après
un si long règne d’Idriss Deby Itno (30 ans), beaucoup de gens sont fatigués d’être
dirigés par la même famille, et il y en a beaucoup qui n’accepteront pas
facilement qu’un fils succède à son père. Cette contestation peut venir aussi
bien du même parti de Deby, de ses anciens collaborateurs qui y verront l’opportunité
de se faire une place au soleil, ou de l’opposition.
La réponse à ma
question est donc oui. Il y a un risque que le Tchad sombre dans l’insécurité après
la mort du Marechal si les nouvelles autorités s’avèrent incapables de préserver
l’intégrité nationale. Mais c’est aussi une opportunité pour les nouvelles autorités
du pays pour qu’ils fassent mieux que ce qu’a fait Idriss Deby. Je ne suis pas spécialiste
du Tchad et je ne suis jamais allé dans ce pays, mais la seule lecture de l’indice
du développement humain 2020 de ce pays montre qu’il est en mauvaise, très
mauvaise posture en terme de développement : « La valeur de l’IDH du Tchad pour 2019 s’établit à 0.398 – ce qui place
le pays dans la catégorie « développement humain faible » et au 187e
rang parmi 189 pays et territoires ». Les nouvelles autorités ont donc
le devoir de développer le Tchad, ce que visiblement Deby n’a pas réussi à
faire.
No comments:
Post a Comment