Le 21 septembre,
l’Université Privée Africaine Franco-Arabe (UPAFA) m’a invité à une exposition
sur les manuscrits de Tombouctou au Musée National du Mali. C’était une
occasion pour moi de découvrir l’histoire de ces manuscrits. Beaucoup de manuscrits ont été écrits en arabe, mais
aussi en langues locales (peul, songhoi, etc) avec des caractères arabes.
Ces manuscrits
sont de plusieurs catégories : arithmétique, médecine, astronomie, textes juridiques, cultes, cultures,
traditions, langues, littératures, etc.
Cette exposition
organisée par l’ONG SAVAMA-DCI (Sauvegarde et Valorisation des Manuscrits pour
la Défense de la Culture Islamique), en partenariat avec l'UNESCO (Bureau de Bamako), devrait continuer jusqu’au 30 septembre au Musée
Nationale et du 27 octobre au 10 novembre au Mémorial Modibo Keita. Si vous
vous intéressez à l’histoire du Mali ou à la culture islamique, n’hésitez pas à
y faire un tour.
Les manuscrits exposés
sont au nombre de 15. Par ailleurs, l’ONG SAVAMA-DCI a transformé 12 manuscrits en livres, les a traduit et commenté. Ils sont accessibles en français et en arabe. Pour
avoir accès à ces manuscrits même après l’exposition, il faut s’adresser à
l’Institut des Hautes Etudes et de Recherches Islamiques Ahmed Baba ou à l’ONG
SAVAMA DCI qui a ses bureaux à Baco Djicoroni. Comme nous l’a expliqué Dr.
Banzoumana Traore de l’ONG SAVAMA DCI, il suffit de présenter une lettre qui
certifie qu’on est affilié à une université pour avoir accès à ces manuscrits
pour des fins de recherche.
Dr. Lassana Dramé,
responsable administratif de l’UPAFA, nous explique pourquoi ces manuscrits intéressent
son université : « Dans ce musée,
nous voyons des manuscrits dont certains ont près de mille ans dans tous les
domaines. Aujourd’hui, nous sommes là pour guider nos enseignants et nos étudiants
pour qu’ils s’intéressent à ces manuscrits… Ces manuscrits sont écrits au
moment où l’Afrique était développée. On avait la charte de
Kurukan Fugan, on était les plus riches… Si nous
voulons retrouver cette gloire de l’époque, nous devons étudier ces manuscrits. »
Reflet du miroir sur les mérites du savoir
Parmi les
manuscrits exposés se trouvent certains des livres du célèbre savant de
Tombouctou, Ahmed Baba (1556-1627) qui est sans aucun doute l’un des meilleurs
philosophes et théologiens de son époque.
Après
l’exposition, les organisateurs posaient des questions aux participants, et
ceux qui donnaient la bonne réponse recevaient cadeau d’un livre. J’ai donc eu la chance d’avoir le livre Reflet du
miroir sur les mérites du savoir (1627) de Ahmed Baba, traduit par Dr.
Banzoumana Traore. Je l’ai lu et j’ai beaucoup aimé. En se basant sur les écrits
des théologiens arabes de l’époque, ce livre explique qu’il n’y a pas d’activité
plus noble que la recherche du savoir. C’est vrai que le savoir dont il parle est
le savoir religieux, mais je pense que ce qu’il écrit est valable pour d'autres domaines de savoir. Même si ce livre date du 17e siècle,
il est plus actuel que jamais, du moment où on est dans le ‘knowledge society’.
Voilà par
exemple un passage qui intéresserait tous ceux qui font la recherche. Ahmed
Baba explique que les travaux intellectuels « sont classés en sept catégories :
1-
Soit
il innove en apportant ce que personne n’a jamais fait ;
2-
Ou
il achève une œuvre incomplète ;
3-
Ou
il explique une œuvre ambiguë ;
4-
Ou
il contracte une œuvre longue, sans pour autant affecter ses sens ;
5-
Ou
il rassemble une œuvre éparpillée ;
6-
Ou
il range une œuvre désorganisée ;
7-
Ou
il corrige les erreurs d’une œuvre. Fin.»
Je remercie Dr. Lassana Dramé de l’Université Privée Africaine Franco-Arabe qui a bien voulu me faire découvrir cette exposition avec les étudiants et les enseignants de cette université.
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