Saturday, May 29, 2021

Le Mali, les coups d’Etat et les poupées russes

 

Les coups d’Etat au Mali, c’est comme les poupées russes. « Quand y en a plus et ben y en a encore », chante Stromae. Comme dans les poupées russes, il y a encore un coup d’Etat à venir, même quand le premier n’est pas encore achevé.

Les coups d’Etat sont l’un des symptômes les plus criants de l’instabilité politique du Mali. Seul Alpha Oumar Konaré a échappé à cette « malédiction ». On aurait pu penser que le premier coup d’Etat de 1968 était plus ou moins compréhensible, que le Mali nouvellement indépendant et ses institutions étaient encore fragiles et instables. On aurait pu espérer que celui de 1991 contre le Général Moussa Traore serait le dernier puisque le Mali embrassait du même coup la démocratie libérale et l’Etat de droit. On aurait pu espérer que plus le Mali « avancerait », moins il y aurait des coups d’Etat. Malheureusement, plus de 60 ans après l’indépendance, un homme peut toujours faire deux coups d’Etat en neuf mois. C’est un signe que les institutions maliennes sont plus faibles que jamais et que le Mali est à la merci du plus fort.

    Deux familles de poupées russes sur un stand au marché de noël de Colmar, Alsace, France

English: Two families of Matryoshka doll on a stand at Christmas market Colmar, Alsace, France 
Source: Wikimedia commons: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Poup%C3%A9es_russes.JPG 


Aujourd’hui, l’homme fort du Mali est Assimi Goïta. Le 28 Mai 2021, la Cour constitutionnelle a officialisé ce statut en le nommant « Président de la Transition, chef de l’Etat ». Cette victoire d’Assimi Goïta sonne en même temps comme l’échec de la CEDEAO, qui a entre autres missions d’empêcher de prendre le pouvoir par la force dans ses pays membres.

Le problème avec les hommes forts, c’est qu’ils n’ont en face d’eux aucun pouvoir pour arrêter leur pouvoir. Car, comme le disait le grand Montesquieu, « pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir. » Pour le moment en tous cas, toutes les institutions, du Conseil National de Transition à la Cour constitutionnelle, conspirent pour faire des désirs de l’homme fort une réalité.

Mais la question qui se pose maintenant est la suivante : combien Assimi Goïta est-il fort ? Est-il suffisamment fort pour rétablir la sécurité sur tout le territoire du Mali ? Depuis le début de la transition, il a toujours clamé haut et fort son expertise dans les questions de défense et de sécurité. C’est donc sur ce terrain qu’on l’attend le plus.

Mais aussi, il y a une autre question qu’on ne peut cesser de se poser vu l’évolution de la situation : Assimi Goïta est-il suffisamment fort pour éviter un coup d’Etat contre lui-même ? Vu la facilité avec laquelle la Cour constitutionnelle a ‘béni’ sa prise du pouvoir sans aucune objection, d’autres aussi comprendront que ce n’est pas aussi difficile que ça d’être président au Mali, à condition d’avoir suffisamment de militaires derrière soi. Ils ne tarderont pas à aiguiser leur appétit et leurs baïonnettes pour prendre sa place. 

Mais aussi, il y a une autre question qu’on ne peut cesser de se poser vu l’évolution de la situation : Assimi Goïta est-il suffisamment fort pour éviter un coup d’Etat contre lui-même ? Vu la facilité avec laquelle la Cour constitutionnelle a ‘béni’ sa prise du pouvoir sans aucune objection, d’autres aussi comprendront que ce n’est pas aussi difficile que ça d’être président au Mali, à condition d’avoir suffisamment de militaires derrière soi. Ils ne tarderont pas à aiguiser leur appétit et leurs baïonnettes pour prendre sa place. 


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