Monday, January 9, 2023

La liberté de pratiquer sa religion est-elle menacée au Mali ?

 L’hebdomadaire chrétien Missions rapporte ceci:

« Depuis un certain temps, le village de Douna est menacé par les djihadistes.

Le 04 Janvier 2023, ils sont revenus encore dans ce même village pour demander aux deux communautés chrétiennes de fermer les églises. Il est donc désormais interdit de sonner les cloches, de jouer les instruments de musiques et de prier dans les églises.

Ce qui est encore plus inquiétant, c'est « qu'ils demandent aux chrétiens de pratiquer désormais la religion musulmane ». L'heure est plus que grave. »

Je suis parfaitement conscient que c’est risqué, très risqué, de discuter de religion au Mali. Mais vu la gravité de la situation, j’accepte de prendre ce risque.

En effet, obliger quelqu’un à changer de religion est une violation grave des droits de l’homme.  Et ce n’est pas seulement parce que ce sont des gens qui partagent la même religion que moi qui sont concernés. Je dirais la même chose, peu importe la foi de ceux qu’on veut obliger de changer de religion.

                                                               Photo d'une église 


Une exigence illégale

L’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme dit ceci: « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites. »

L’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ajoute ceci : « Nul ne subira de contrainte pouvant porter atteinte à sa liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix. »

L’article 4 de la Constitution malienne de 1992 va dans le même sens et stipule que « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d'opinion, d'expression et de création dans le respect de la loi. »

Obliger les gens, qui qu’ils soient, de fermer leurs églises et, plus grave, d’adopter une autre religion, c’est donc illégal et contraire à tous les textes de droit national et international.

On me répondra que ceux qui font ça se moquent de la légalité, et qu’ils ont une autre conception du droit. Pour eux, la seule religion qui a droit de cité est l’islam. On me répondra sans doute que ces djihadistes sont des marginaux, qu’ils ne sont pas représentatifs de la société malienne où les gens de différentes religions ont toujours cohabité pacifiquement. C’est vrai.

De la nécessité de défendre la laïcité

Je pense tout de même qu’il est plus que jamais nécessaire de défendre la laïcité au Mali car elle me semble menacée, et pas seulement par les groupes dits djihadistes. Ces derniers mois, beaucoup de gens, y compris des leaders religieux, se sont exprimés pour réclamer la suppression du caractère laïc de l’Etat malien. En tant que chrétien vivant pendant une grande partie de l’année au Mali, cette revendication m’a inquiété. Ceux qui réclament la suppression de la laïcité n’ont pas à ma connaissance proposé une forme alternative qu’ils voulaient donner à l’Etat malien, et c’est ce qui est inquiétant car on ignore leur projet. Mais historiquement, le contraire d’un Etat laïc est une théocratie. Étant donné que la majorité de la population au Mali sont des musulmans, on a des raisons de croire que ceux qui veulent supprimer la laïcité veulent faire du Mali un Etat islamique.  

J’ai eu l’opportunité de discuter avec un professeur d’université, arabophone et grand connaisseur de la théologie islamique, et qui soutient aussi qu’on supprime la laïcité de la Constitution malienne. Je lui ai exprimé mes inquiétudes. « Si vous supprimez la laïcité, c’est que vous voulez instaurer un Etat islamique. Qu’est-ce que nous les Chrétiens allons devenir ?», lui ai-je dit.  Il m’a expliqué que non, que l’objectif n’est pas d’instaurer la charia. Que le problème de la laïcité malienne est qu’elle promeut l’athéisme en interdisant d’enseigner la religion à l’école. Que même si on applique la charia au Mali, les croyants des autres religions n’auront rien à craindre. Que la charia s’applique seulement aux Musulmans, et que les autres seront libres de pratiquer leur religion. Qu’un musulman qui sera pris en train de boire de l’alcool sera puni conformément à la charia, et qu’un chrétien pourra boire de l’alcool s’il veut.  

Ce discours ne m’a pas convaincu et ce que font les mouvements djihadistes dans ce village de Douna me semble être un avant-gout de ce que subiraient les autres religions si le Mali adoptait les lois islamiques comme mode de gouvernement.  

Il est donc important que l’Etat malien, qui est toujours laïc,  se donne les moyens de protéger non seulement la vie de tous les citoyens qui vivent sur son territoire, mais aussi leur droit de pratiquer librement leur religion.

Monday, September 5, 2022

Comment je suis devenu blogueur

 

Le 31 août, c’est la Journée mondiale du blog. Ça a été une occasion pour les blogueurs de différents pays de réfléchir sur l’utilité de leur pratique de blogging, comme ici, ici et ici.

Ces témoignages m’ont inspiré aussi l’idée de faire mon témoignage. Comment je suis devenu blogueur? C’est la question à laquelle je vais essayer de répondre dans ce billet.

J’ai créé mon premier blog en novembre 2010 sur la plateforme Overblog, et je l’avais nommé Bantoutimes.

Pourquoi j’ai créé ce blog? Pour dénoncer la violation des droits humains dans mon pays, le Burundi. A l’époque, j’étais étudiant en sciences politiques en Russie, dans la ville de Rostov-na-Donou, à l’Université Fédérale du Sud. De là, je captais les informations de mon pays le Burundi à travers les radios, et surtout la radio Isanganiro, qu’on pouvait capter à l’époque à partir du site web du journal Iwacu si mes souvenirs sont bons.

Les informations que je recevais n’étaient pas rassurantes. Il y avait ce qu’on appelait le Plan Safisha. Des cadavres de militants de partis d’opposition étaient retrouvés chaque jour, jetés dans les ravins ou les caniveaux. Personne n’était arrêté ou puni pour ces crimes, ce qui était un signe évident que le pouvoir les avait commandité ou les cautionnait. .

J’étais révolté. Comment nos dirigeants pouvaient laisser faire ces choses ignobles ? Etre membre ou militant d’un parti d’opposition, était-ce un crime? Quelle démocratie étions-nous en train de construire ? Quel pays allions nous léguer à nos enfants ? Toutes ces questions me taraudaient. Je voulais donc dénoncer ces crimes. Je voulais exprimer mon indignation et essayer de proposer des solutions.



              L'auteur à Rostov-Na-Donou (Russie), Janvier 2013

J’ai donc demandé a des amis, s’ils connaissaient un journal où je pourrais écrire de temps en temps ce que je pensais de la situation au Burundi. Un de ces amis, un journaliste nommé Charles Edgar Mbanza, qui était en France, m’a proposé de créer un blog.

Un blog ? Mais qu’est-ce que c’était qu’un blog ?  Comment créer un blog ? Je suis allé sur Google, et j’ai posé ces questions. J’ai cliqué sur la première plateforme de blog que Google m’a suggérée et j’ai donc créé en quelques clics mon premier blog, Bantoutimes ou Journal du Muntu.

Curieusement, les premiers articles que j’ai publiés sur ce blog n’étaient pas sur le Burundi. Le tout premier article que j’ai publié sur ce blog le 6 novembre 2010, saluait l’élection d’une femme à la tête du Brésil, Dilma Roussef, qui venait juste d’être élue. Après, j’écrivais des articles sur la réinvention de l’Afrique, les élections en Côte d’Ivoire etc.

J’écrivais que mon blog était un blog « politique et humaniste », et que mon objectif était « d’intervenir dans les débats publics burundais et africain, dans le but de contribuer à construire une nouvelle Afrique et un monde meilleurs, où l’Homme se verrait restituer toute sa dignité, souvent bafouée ». J’étais jeune et idéaliste.

Qu'est-ce que j'ai gagné grâce au blog? Le blog m'a permis de rencontrer, en ligne ou dans la vraie vie, des personnes intéressantes avec lesquels on partage les mêmes centres d'intérêts: des intellectuels, des défenseurs des droits humains, d'autres blogueurs, etc. Certains d'entre eux m'ont donné des opportunités de travail, d'autres sont devenus des collègues. Grâce à ces rencontres, j'ai pu participer  à la création de deux médias en ligne, Yaga au Burundi et Benbere au Mali.   Beaucoup de ce que j'ai pu réaliser depuis une dizaine d'années, je le dois à ceux qui m'ont fait confiance grâce à mon "métier" de blogueur. Que le blog soit, que le blog demeure. 

Dans notre prochain billet, nous aborderons la question : « Qui devrait créer un blog ? » Restez connectés.

Monday, August 29, 2022

De Kayes à Koulikoro

 Le 31 août, c’est la Journée mondiale du blog. Mais ça fait cinq mois que je n’avais pas posté un article sur ce blog. Ça ne devrait jamais arriver, puisque je m’étais donné l’objectif de poster au moins un article par semaine. C’est d’ailleurs ce que devrait faire chaque blogueur qui se respecte. J’espère donc que dès maintenant, je tiendrai ma promesse de ‘bloguer’ régulièrement.  

Maintenant, j’aimerais raconter un peu ce que j’ai découvert récemment. J’ai visité la ville de Kayes pour la première fois. Avec deux autres amis de l’Association des Journalistes Catholiques du Mali (AJCM), Aimé-Rodrigue Dembélé et Gisèle Dembélé, nous avons rendu visite à l’évêque de Kayes et président de la Conférence Episcopale du Mali, Monseigneur Jonas Dembélé, du 12 au 13 août 2022. Monseigneur Jonas Dembélé est aussi président de la Commission des Mass-Médias de l’Eglise catholique du Mali. Il nous a bien accueilli et nous a fait visiter la ville pendant deux jours. Nous avons discuté de ce que notre association peut faire avec la Conférence Episcopale. Nous avons apprécié son humilité et son sens de l’hospitalité. 



Si l’accueil que nous avons reçu à Kayes a été agréable, le voyage l’avait été moins. Nous avions quitté Bamako vers cinq heures du matin et nous avons fait plus de 13h de voyages au bord du car de la compagnie Africa Tours. J’ai senti la nausée pendant tout le trajet. Je pensais que j’étais le seul, mais j’ai compris que c’était le cas aussi pour mes compagnons de voyages. Nous n’avons pas compris pourquoi. Et pourtant j’avais déjà fait des plus longs voyages par la route, notamment vers le Ghana, sans sentir le malaise que j’ai senti sur la route de Kayes. Peut-être que la mauvaise qualité d’une partie de cette route y est pour quelque chose.  

Malgré ce malaise,  ce voyage m’a permis de mettre sur une carte certaines villes et villages que je ne connaissais pas, comme Kolokani, Diéma, etc. J’espère pouvoir visiter bientôt d’autres parties du Mali que je ne connais pas encore, comme Ségou, San, Mopti, Koutiala, pour ne citer que ceux-là.

 Comme j’ai toujours un livre sous la main, le voyage à Kayes m’a permis de lire le livre Le Mansaya et la société mandingue de Drissa Diakité, cet éminent historien malien qui nous a quitté récemment pour rejoindre ses ancêtres. Ce livre qui explore le développement de l’empire du Manden au 13e siècle m’a permis de revisiter certaines pages de l’histoire. La spécificité du livre de Drissa Diakité est que, tout en reconnaissant que Soundiata Keita est le fondateur de l’empire du Mali, il prouve que son principal challenger Soumangourou Kanté n’est pas le sorcier maléfique dont les griots ont noirci la réputation, mais qu’il était aussi un leader ambitieux qui voulait notamment unir les mansa mandingues contre le commerce des esclaves pratiqué par les arabes. Kanté a perdu la guerre et, comme on dit, l’histoire est écrite par les vainqueurs.

Une occasion de compléter cette redécouverte de l’histoire malienne m’a été donnée le dimanche 21 août, lorsque nous avons visité Koulikoro avec les amis de l’AJCM. L’un des endroits que nous avons visité est justement l’endroit où, d’après la légende, disparut Soumangourou Kanté. Un endroit où on a l’impression de revivre l’histoire.

Vivement la découverte d’autres endroits touristiques du Mali.


                  Avec mon ami Levy Dougnon. Crédit photo : Gisèle Dembélé

Sunday, March 20, 2022

« Qui va jeter son argent dans les journaux Maliens ? »

 

Le 17 mars, mon ami Sagaidou Bilal Maïga nous a interpellés sur sa page Facebook avec cette question très pertinente :

« A quand remonte la dernière fois où tu as enlevé 300f de ta poche pour acheter un numéro d'un journal papier malien ? »

Comme il fallait s’y attendre, les nombreux commentaires à ce post ne sont nullement encourageants. Parmi les plus de 30 commentaires, un seul a reconnu avoir acheté un journal pendant le mois, l’autre dit qu’il le reçoit à son bureau et qu’il n’a pas besoin de l’acheter. Le point de vue des autres peut se résumer à cette question d’un commentateur : « Qui va jetter son argent dans les journaux Maliens ? »



Acheter trois journaux par semaine

Malgré ce pessimisme ambiant envers la presse écrite malienne, moi ça fait plusieurs jours que j’ai décidé d’ « investir » dans au moins trois journaux par semaine. J’achète chaque semaine au moins un quotidien et deux hebdos. Même là je sens que ça ne suffit pas. L’idéal serait d’acheter au moins un journal par jour. Mais en ces jours-ci où les prix de toutes les denrées grimpent, ce ne serait peut-être pas raisonnable de dépenser 9000FCFA par mois dans les journaux.

Alors, pourquoi trois journaux par semaine ? Parce que je trouve que c’est important de lire les journaux. Contrairement à l’opinion dominante, je ne crois pas que parcourir Facebook et Whatsapp permette de savoir tout ce qui se passe. Même si la qualité des journaux maliens n’est pas idéale, je pense qu’on peut comprendre l’état du pays en appréciant la qualité. Les journaux, comme les autres medias, sont les reflets de l’état du pays. Si les journaux sont de mauvaise qualité, c’est que le pays en général ne va pas mieux.

Deuxièmement, je dois lire le journal parce que je dois donner un exemple. En effet, j’enseigne des cours sur les medias dans les filières de journalisme-communication de certaines universités maliennes. Et je recommande toujours aux étudiants de lire, nos seulement les réseaux sociaux, mais aussi les livres et les journaux. Et j’insiste en disant aux futurs journalistes qu’ils ne peuvent pas être de bons journalistes s’ils ne sont pas bien informés. J’essaie d’appliquer ce que je prêche.

Thursday, September 23, 2021

Les manuscrits de Tombouctou

Le 21 septembre, l’Université Privée Africaine Franco-Arabe (UPAFA) m’a invité à une exposition sur les manuscrits de Tombouctou au Musée National du Mali. C’était une occasion pour moi de découvrir l’histoire de ces manuscrits. Beaucoup de manuscrits ont été écrits en arabe, mais aussi en langues locales (peul, songhoi, etc) avec des caractères arabes.

Ces manuscrits sont de plusieurs catégories : arithmétique, médecine, astronomie,  textes juridiques, cultes, cultures, traditions, langues, littératures, etc.

Cette exposition organisée par l’ONG SAVAMA-DCI (Sauvegarde et Valorisation des Manuscrits pour la Défense de la Culture Islamique), en partenariat avec l'UNESCO (Bureau de Bamako), devrait continuer jusqu’au 30 septembre au Musée Nationale et du 27 octobre au 10 novembre au Mémorial Modibo Keita. Si vous vous intéressez à l’histoire du Mali ou à la culture islamique, n’hésitez pas à y faire un tour.

Les manuscrits exposés sont au nombre de 15. Par ailleurs, l’ONG SAVAMA-DCI a transformé 12 manuscrits en livres, les a traduit et commenté. Ils sont accessibles en français et en arabe. Pour avoir accès à ces manuscrits même après l’exposition, il faut s’adresser à l’Institut des Hautes Etudes et de Recherches Islamiques Ahmed Baba ou à l’ONG SAVAMA DCI qui a ses bureaux à Baco Djicoroni. Comme nous l’a expliqué Dr. Banzoumana Traore de l’ONG SAVAMA DCI, il suffit de présenter une lettre qui certifie qu’on est affilié à une université pour avoir accès à ces manuscrits pour des fins de recherche.  

Dr. Lassana Dramé, responsable administratif de l’UPAFA, nous explique pourquoi ces manuscrits intéressent son université : « Dans ce musée, nous voyons des manuscrits dont certains ont près de mille ans dans tous les domaines. Aujourd’hui, nous sommes là pour guider nos enseignants et nos étudiants pour qu’ils s’intéressent à ces manuscrits… Ces manuscrits sont écrits au moment où l’Afrique était développée. On avait la charte de Kurukan Fugan, on était les plus riches…   Si nous voulons retrouver cette gloire de l’époque, nous devons étudier ces manuscrits. »

Reflet du miroir sur les mérites du savoir

Parmi les manuscrits exposés se trouvent certains des livres du célèbre savant de Tombouctou, Ahmed Baba (1556-1627) qui est sans aucun doute l’un des meilleurs philosophes et théologiens de son époque.



Après l’exposition, les organisateurs posaient des questions aux participants, et ceux qui donnaient la bonne réponse recevaient cadeau d’un livre. J’ai donc eu la chance d’avoir le livre Reflet du miroir sur les mérites du savoir (1627) de Ahmed Baba, traduit par Dr. Banzoumana Traore. Je l’ai lu et j’ai beaucoup aimé. En se basant sur les écrits des théologiens arabes de l’époque, ce livre explique qu’il n’y a pas d’activité plus noble que la recherche du savoir. C’est vrai que le savoir dont il parle est le savoir religieux, mais je pense que ce qu’il écrit est valable pour d'autres domaines de savoir. Même si ce livre date du 17e siècle, il est plus actuel que jamais, du moment où on est dans le ‘knowledge society’.

Voilà par exemple un passage qui intéresserait tous ceux qui font la recherche. Ahmed Baba explique que les travaux intellectuels « sont classés en sept catégories :

1-    Soit il innove en apportant ce que personne n’a jamais fait ;

2-    Ou il achève une œuvre incomplète ;

3-    Ou il explique une œuvre ambiguë ;

4-    Ou il contracte une œuvre longue, sans pour autant affecter ses sens ;

5-    Ou il rassemble une œuvre éparpillée ;

6-    Ou il range une œuvre désorganisée ;

7-    Ou il corrige les erreurs d’une œuvre. Fin.»

Je remercie Dr. Lassana Dramé de l’Université Privée Africaine Franco-Arabe qui a bien voulu me faire découvrir cette exposition avec les étudiants et les enseignants de cette université.

























Saturday, May 29, 2021

Le Mali, les coups d’Etat et les poupées russes

 

Les coups d’Etat au Mali, c’est comme les poupées russes. « Quand y en a plus et ben y en a encore », chante Stromae. Comme dans les poupées russes, il y a encore un coup d’Etat à venir, même quand le premier n’est pas encore achevé.

Les coups d’Etat sont l’un des symptômes les plus criants de l’instabilité politique du Mali. Seul Alpha Oumar Konaré a échappé à cette « malédiction ». On aurait pu penser que le premier coup d’Etat de 1968 était plus ou moins compréhensible, que le Mali nouvellement indépendant et ses institutions étaient encore fragiles et instables. On aurait pu espérer que celui de 1991 contre le Général Moussa Traore serait le dernier puisque le Mali embrassait du même coup la démocratie libérale et l’Etat de droit. On aurait pu espérer que plus le Mali « avancerait », moins il y aurait des coups d’Etat. Malheureusement, plus de 60 ans après l’indépendance, un homme peut toujours faire deux coups d’Etat en neuf mois. C’est un signe que les institutions maliennes sont plus faibles que jamais et que le Mali est à la merci du plus fort.

    Deux familles de poupées russes sur un stand au marché de noël de Colmar, Alsace, France

English: Two families of Matryoshka doll on a stand at Christmas market Colmar, Alsace, France 
Source: Wikimedia commons: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Poup%C3%A9es_russes.JPG 


Aujourd’hui, l’homme fort du Mali est Assimi Goïta. Le 28 Mai 2021, la Cour constitutionnelle a officialisé ce statut en le nommant « Président de la Transition, chef de l’Etat ». Cette victoire d’Assimi Goïta sonne en même temps comme l’échec de la CEDEAO, qui a entre autres missions d’empêcher de prendre le pouvoir par la force dans ses pays membres.

Le problème avec les hommes forts, c’est qu’ils n’ont en face d’eux aucun pouvoir pour arrêter leur pouvoir. Car, comme le disait le grand Montesquieu, « pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir. » Pour le moment en tous cas, toutes les institutions, du Conseil National de Transition à la Cour constitutionnelle, conspirent pour faire des désirs de l’homme fort une réalité.

Mais la question qui se pose maintenant est la suivante : combien Assimi Goïta est-il fort ? Est-il suffisamment fort pour rétablir la sécurité sur tout le territoire du Mali ? Depuis le début de la transition, il a toujours clamé haut et fort son expertise dans les questions de défense et de sécurité. C’est donc sur ce terrain qu’on l’attend le plus.

Mais aussi, il y a une autre question qu’on ne peut cesser de se poser vu l’évolution de la situation : Assimi Goïta est-il suffisamment fort pour éviter un coup d’Etat contre lui-même ? Vu la facilité avec laquelle la Cour constitutionnelle a ‘béni’ sa prise du pouvoir sans aucune objection, d’autres aussi comprendront que ce n’est pas aussi difficile que ça d’être président au Mali, à condition d’avoir suffisamment de militaires derrière soi. Ils ne tarderont pas à aiguiser leur appétit et leurs baïonnettes pour prendre sa place. 

Mais aussi, il y a une autre question qu’on ne peut cesser de se poser vu l’évolution de la situation : Assimi Goïta est-il suffisamment fort pour éviter un coup d’Etat contre lui-même ? Vu la facilité avec laquelle la Cour constitutionnelle a ‘béni’ sa prise du pouvoir sans aucune objection, d’autres aussi comprendront que ce n’est pas aussi difficile que ça d’être président au Mali, à condition d’avoir suffisamment de militaires derrière soi. Ils ne tarderont pas à aiguiser leur appétit et leurs baïonnettes pour prendre sa place. 


Saturday, May 8, 2021

Le Mali, N’Golo Kanté et les 9 bébés

 

Quel est le rapport entre le joueur vedette de Chelsea FC et les neuf bébés de dame Halima Cissé ? Les deux évènements rendent les Maliens fiers, et ce n’est pas rien. Au moment où beaucoup sont révoltés par la ‘colonelisation’ de leur pays, ils ont besoin de nouvelles positives, qui deviennent de plus en plus rares, pour leur remonter le moral.

Le 4 mai, le ministère de la santé et du développement social du Mali a annoncé que madame Halima Cissé avait accouché de 9 bébés dans un hôpital du Maroc. Tous les Maliens ont salué une bonne nouvelle et une bénédiction, et l’information a fait la une des medias nationaux et internationaux. 


Neufs bébés dans un seul ventre ? Tous en bonne santé ? Comment est-ce possible ? Moi-même depuis que j’ai entendu ça, je continue à croire qu’il s’agit d’un miracle. Je me suis senti une affinitee avec cette famille car ma mère a aussi mis au monde neuf enfants, dont six garçons et trois filles. La différence, c’est que maman ne nous a pas enfanté en une seule fois. 

Ayant donc grandi dans une famille nombreuse, je sais combien c’est difficile d’élever neuf enfants, même quand ils ne sont pas nés en même temps. Maintenant, tout en étant heureux pour la famille de Kader Arby et de Halima Cissé qui a eu le privilège d’accueillir ce miracle, j’ai aussi de la peine pour cette famille. Comment elle va faire pour élever neufs bébés ?

Le gouvernement malien a très bien fait d’aider Halima Cissé en prenant en charge ses soins au Maroc. Mais comme disait quelqu’un, c’est maintenant que les bébés sont nés que le plus dur va commencer. Mettre au monde neuf enfants en même temps, ce n’est plus l’affaire d’une seule famille, mais celle de tout un pays. Le gouvernement devrait continuer à soutenir cette famille en lui donnant des allocations régulières pour prendre en charge les nouveaux nés, au moins jusqu’à leur maturité, à 18 ans.  

Concernant N’Golo Kanté, je ne peux pas dire grand-chose sur lui étant donné que je ne suis pas un fan du foot. Mais je sais que ses performances hors du commun font rêver beaucoup de jeunes Maliens. En regardant N’Golo trôner au sommet du football européen, les jeunes Maliens doivent se dire, « Nous aussi, nous pouvons ». N’Golo est la preuve, si besoin il y a, qu’être Malien n’est pas une malédiction, que la gloire du Mali et des Maliens ne s’est pas arrêté au 13e siècle, qu’elle est toujours possible au présent et dans l’avenir.



La liberté de pratiquer sa religion est-elle menacée au Mali ?

  L’hebdomadaire chrétien Missions rapporte ceci: «  Depuis un certain temps, le village de Douna est menacé par les djihadistes. Le 0...